La Traversée de l\'Atlantique à l\'envers

Samedi 24 mars/Dimanche 25 Mars par Yannick

Samedi  23 Mars

Le poulpe violet a été banni, trop facile la pêche avec lui. De fait, nous
avons essayé des poissons-nageurs (rapalas) de toutes sortes ces derniers
jours sans trop de succès. Quelques touches ça et là mais rien de sérieux.
En revanche, le rapala jaune et rouge a fait mouche ce soir. Après une
heure de combat, à trois sur la canne, nous avons sorti un superbe thon de
15-20 kilos. Il sera dépecé de suite et nous assurera 2 jours de
nourriture. Ce soir là j'ai fait des sashimis avec la sauce soja Kikkoman
(la vraie), puis de la moutarde de Dijon, faute de wasabi...ça avait quand
même de la gueule. Le carpaccio avec citron, huile d'olive, baies, poivre
et sel, était également parfait. Puis les filets cuits à la poêle, une
douce soirée.


Dimanche 24 Mars
(J-2 pour les açores).
Les frères chignole, malgré le thon party de la veille, se sont réveillés
avec l'âpre goût de la défaite de la veille face au moteur. De plus, un
énorme bout de pêcheur s'est accroché à l'hélice et à l'hydrogénérateur
pendant la nuit. J'ai participé à la chignolade et nous avons réussi à
coups de marche avant-arrière à nous dégager, sans que Thierry ne doive
plonger sous la coque. Il n'était pas très partant d'ailleurs en regardant
le thermomètre, la température de l'eau plafonnant à 17°... Ce n'est plus
les caraibes !

Franck a sorti sa trousse à couture. A l'aide d'impressionnantes aiguilles
creuses il  a découpé, cousu et recousu un bout sur lui-même de telle
sorte qu'il en fit une boucle. Il venait de fabriquer une courroie de
remplacement pour le moteur sous mes yeux stupéfaits. De la bonne ouvrage,
quel héro ce Franck !
Ce soir il nous a avoué que depuis quelques jours, tous les matins, il se
réveille avec un terrible mal de fesses. Il nous regarde suspicieux mais
nous lui affirmons que nous n'y sommes pour rien. Il baisse alors son
pantalon et l'on peut contempler une plaque rouge et des boutons comme
les étoiles qui ornent le ciel la nuit. Nous lui proposerons de passer la
pommade mais il refusera dans un élan de fierté et ira lui-même pommader
son illustre postérieur.

Une journée à chercher le vent mais qui nous rapproche de la terre. Au
coucher du soleil quelques dauphins nous ont rendu visite pendant près
d'une heure. Ils nous ont offert un ballet aquatique magique. Sous
l'étrave, devant l'étrave, sur le côté du bateau. Des sorties à deux, à
trois en même temps. Ils s'éloignent pour nous émerveiller avec leur sauts
et puis s'en vont..
C'était la première fois que nous rencontrions cette race de dauphins au
ventre blanc. Quelles merveilleuses créatures !

Luc nous a écrit un texte très électrique que j'aime beaucoup alors je
vous le livre.


Illusions perdues

Cher Thierry,

C'est a toi, que j'écris en priorité car je te connais pas.

Mais connait on vraiment les autres? Connait on vraiment ses proches?
connait on vraiment se amis? Connais tu vraiment tes compagnons
d'infortune Frank et Yannick?
A quelques miles de votre arrivée bien méritée aux Accores il me parait
opportun de t'ouvrir les yeux - a toi qui ne les as pas beaucoup fermé
depuis plus de 20 jours-a propos de Franck et Yannick. Ainsi pourras tu
décider de poursuivre avec eux, ou de les laisser au port.

C'est a toi que je souhaite révéler la face cachée de tes partenaires.

Franck, le marin que je croyais scrupuleusement prudent. N’a t il pas
ouvert le logiciel de routage que très récemment. Pourquoi a t il remis la
lecture du Numéro spécial de Voiles et Voiliers sur la sécurité ? N’est il
pas coupable de la perte de son doigt et de l’œil de Yannick ? Comment a t
il pu gagne r le trophée Jules Vernes et la route du rhum la même année ?
Il est vrai que depuis, son palmarès se borne au Spi Ouest France et a la
Volvo Ocean Race.

Yannick, d’après l’organigramme, devait s’affairer au sacré. A vous
satisfaire les papilles, a vous maintenir le moral du ventre. A vous
mitonner les mets qui ont fait ses étoiles. Que reste t il de la star du
Michelin ? Son talent s’est il noyé dans les eaux de l’Atlantique ? Manque
t il d’inspiration ? Les récits culinaires de votre traversée ne sont pas
a la hauteur de mes attentes. Ou sont les choucroutes ? Les pots au feu
?Les steaks frites ? Restés a quai, comme de bonne intentions ? Et oui ,il
est loin le Meurice….

Voila mon cher Thierry, avant de t’embarquer avec Frank et Yannick, il eut
été judicieux que tu saches que tu allais prendre la mer avec Monsieur
Cammas et Monsieur Alleno. Et éviter ainsi bien des désagréments…

Vive les Acores, vive le steak frites.

Amicalement
Luc



Et puis, pour résumer notre situation géographique je vous laisse avec un
de nos meilleurs soutiens pendant cette traversée, Pascal Senechal :

Vous tenez le bon bout
" Vous avez jusqu'à présent suivi une belle trajectoire orthodromique au
plus court et maintenant je vois que vous êtes obligés de maintenir des
caps imposés par la conduite du bateau en vent arrière.D'après mes calculs
de la loxodromie qui donne le cap constant jusqu'à l'arrivée, il faudrait
suivre une route au 80  pour rejoindre l'extrémité du cap qui protège le
port de Horta. Cela permet d'avoir quelques points de repère mais
j'imagine que tes logiciels te les donnent.
Alors bon courage. L'escale à Horta n'en paraitra que meilleure!".



26/03/2012
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