La caillasse
Certains lecteurs se sont inquiétés de savoir si mes hôtes savoyards m'avaient réduit à manger des cailloux de leurs montagnes pour me caler l'estomac. Je les remercie de leur sollicitude et les rassure. Mes hôtes savent recevoir et je connais une adresse à Veyrier du Lac près d'Annecy où l'on peut manger un très bon rôti de bœuf (je me fais mal rien que d'y penser). La caillasse,que nous mangeons à bord, est du filet de porc cru(en Espagne, c'est connu sous le nom de Lomo)qui est excellente.
Je note que Franck en a pris pour son petit déjeuner d'aujourd'hui.
Et hier, nous avons ouvert une boite de pâté de campagne. vous ne pouvez pas imaginer à quel point nous l'avons tous trois appréciée même sur du pain vieux de 6 jours. A tel point que nous avons aujourd'hui ouvert et mangé l'autre boite de pâté de lapin. Dommage que je n'avais pas un partenaire pour ouvrir une bouteille de vin rouge. J'ai besoin du skipper pour rentrer à bon port alors je ne vais pas le tenter sur ce sujet car je connais sa résistance à ce genre de breuvage!
Ce matin, nous avons lancé le code 5, spi asymétrique, dans une petite brise qui a forci un peu. C'est vrai qu'il est beau, élancé, d'un rouge soutenu avec quelques ondulations au gré de la houle et je comprends que des marins, après des journées en mer, aient du mal à le quitter des yeux (n'est-ce pas Yannick et Thierry, je crois que vous l'aviez baptisé le "string"?)Et c'est vrai qu'il faut le surveiller de près car dès que la brise à forci un peu nous avons fait,sous l'effet de la houle, deux départs sportifs au lof que le pilote automatique n'a pu contrôler.
Le vent a un peu tourné vers midi. Nous avons remplacé notre Code 5 par le grand spi blanc. La houle n'est pas constante et de temps en temps nous avons droit à quelques trains d'ondes bien creusées.
L'après-midi sera ensoleillée avec un vent autour de 12-14 noeuds. Notre progression étant lente, nous décidons de faire une manœuvre de marche arrière en affalant le spi. Bonne pioche, sans déterminer ce que nous avions accroché, nous constatons une nette amélioration mais malgré tout sans comparaison avec la veille...
Le reste de l'après-midi sera repos et bronzage Franck continue de croire que nous allons manger du poisson péché à la traine. Deux touches en 7 jours et rien de remonté!
Demain nous ferons halte à La Corogne car une forte dépression s'annonce dans le golfe de Gascogne.
La nuit s'annonce fraiche, très fraiche mais le bateau a profité de ce bel après-midi pour sécher. C'est appréciable.
Franck et moi décidons de nous relayer pour la nuit pour laisser à Adeline le quart du matin qui lui permettra de découvrir la terre.
Une fois de plus, nuit sans lune même partielle et nuit d'encre. Nous devons traverser un rail. Comme le vent est stable nous laissons le spi et la grand voile. Dans la nuit noire, nous faisons de pointes à plus de 9 nœuds et avons slalomé pour croiser 5 cargos et 1 paquebot.
Au petit matin,nous avons droit à un superbe arc-en-ciel qui fait 180° soit un demi-cercle complet puis à 50 nautiques de la Corogne une bande de dauphins a décidé de nous accompagner. Je pense que nous allons ramener de superbes video sous-marines car en prévision d'un tel évènement, Franck avait équipé une gaffe de sa caméra GoPro avec caisson étanche. Les dauphins sont allés jusqu'à la frôler.
Pascal